En juillet 2024 avec l’arrivée de M. Samuel GESRET, secrétaire général, puis en novembre 2024, avec celle de M. Jean-Marie GIRIER, c’est une nouvelle équipe préfectorale qui représente le pouvoir de l’Etat dans le département.
Le CRDE a rencontré M. GESRET le 26 mars 2025. Et nous avons été attentifs aux premiers pas publics de M. GIRIER, notamment dans son intervention devant le Conseil Départemental, le 28 mars 2025.
Logement : « Fluidifier »
Lors de l’entretien qu’il nous a accordé, le secrétaire général a commencé d’emblée par la question du logement des demandeurs d’asile. Il a mentionné le nombre d’un peu moins de 1000 places de logement et d’hébergement sur le département, en additionnant tous les modes : CADA, PRAHDA, et semble-t-il aussi le dispositif d’hébergement d’urgence.
Sa préoccupation est que 500 de ces places étaient occupées par les demandeurs d’asile. Sa préoccupation était de fluidifier le dispositif de façon à pallier la sous-occupation d’une part, à travailler avec les bailleurs sociaux pour permettre l’accès de logements de droit commun aux personnes qui avaient obtenu le statut de réfugié mais demeuraient encore dans des places destinées aux demandeurs, et enfin en poussant les gestionnaires à libérer les hébergements « indus » : les personnes déboutées du droit d’asile qui se maintenaient au-delà d’un mois dans des places auxquelles elles n’avaient plus droit, du fait du refus de leur demande.
Davantage de déboutés du droit d’asile à la rue
(Rappelons à ce stade que seule une demande d’asile sur deux, au maximum, aboutit à l’obtention du statut de réfugié : un peu plus de 50 % des demandeurs d’asile sont in fine déboutés (à l’issue de tous les recours possibles) et deviennent des étrangers en situation irrégulière.
Il faut également rappeler à ce stade que depuis la loi Darmanin de janvier 2024, tout refus définitif du droit d’asile est accompagné systématiquement d’une OQTF dont la durée de validité est désormais de 3 ans, ce qui précarise encore plus les déboutés du droit d’asile.
Les deux pistes mises en avant par la préfecture pour les déboutés du droit d’asile :
- Une meilleure exécution des OQTF : On sait toutes les difficultés à réaliser une telle promesse sur laquelle se cassent les dents de tous les ministres de l’Intérieur qui multiplient promesses et effets de manche sur ce sujet, sans compter le coût faramineux que générerait cette augmentation des expulsions forcées[1]
- Un accroissement de l’Aide au Retour Volontaire :ce dispositif géré par l’OFII concerne entre 5000 et 7000 personnes par an, majoritairement des hommes seuls. Penser l’augmenter de façon à « résoudre le problème » des déboutés relève de la pensée magique.[2]
La fermeture de la porte des AES
M. Gesret a été très clair avec nous : la politique de l’équipe préfectorale est de fermer la porte aux admissions exceptionnelles au séjour, et d’appliquer avec la plus extrême rigueur et sans états d’âme la politique impulsée par la loi Darmanin et la circulaire Retailleau.
Nous avons objecté à M. GESRET qu’une telle politique est dangereuse : elle fabrique des sans-papiers, elle fabrique du désespoir, de la précarité et elle ne peut que générer davantage de désordre public qu’elle ne prétend en résoudre. Elle repose de surcroit sur des préjugés qui ne sont pas acceptables pour nous.
FORCE FRONTIERES
Depuis janvier 2025, nous en sommes déjà dans la région à au moins 3 journées massives de contrôle aux frontières et de contrôle d’identité ciblant les étrangers, dans notre département et parfois dans la région :
- L’opération Force Frontières les mercredi 26 et jeudi 27 mars
- La Journée du 20 mai
- La journée du 18 juin (demande nationale de M. Retailleau)
Pour le CRDE, comme pour d’autres associations, il s’agit d’une intolérable « chasse aux migrants », que nous dénoncerons sans relâche.
Les préjugés de cette politique
Cette politique dangereuse et néfaste s’appuie hélas sur les préjugés habituels :
- L’assimilation entre immigration et délinquance (c’était manifeste dans l’intervention du préfet Girier devant le CD64)
- Le soupçon de mensonge et de fraude envers l’étranger (par exemple : soupçon sur les femmes étrangères qui ont recours au Parcours de Sortie de la Prostitution)
- Une méconnaissance crasse de la réalité du vécu des parcours de migration
[1] En septembre 2024, la journaliste Anne Sophie LAPIX avait mentionné sur France 2 le montant de 13 800 euros par expulsion forcée, en se basant sur un rapport de commission parlementaire. https://www.capital.fr/economie-politique/13-800-euros-pour-chaque-oqtf-on-a-verifie-le-cout-des-obligations-de-quitter-le-territoire-francais-1503083
[2][2] https://observatoire-immigration.fr/ofii-et-les-dispositifs-d-aide-au-retour-didier-leschi/