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Succès pour notre manifestation du 9 février « Mettez à l’abri les MNA en recours »

Notre manifestation a réuni 120 personnes, dans une ambiance joyeuse et chantante, sous un soleil généreux.

De belles retombées dans la presse locale, avant et après notre manifestation.

Soutien aux mineurs isolés : reportage de Sud-Ouest

L’association Humanité Solidaire 64 est membre du CRDE. Avec la CIMADE, Médecins du Monde (également membres du CRDE) et RESF, un groupe de coordination permet d’articuler les différents niveaux de soutien concret et direct à ces mineurs isolés étrangers (mineurs non-accompagnés = M.N.A.).

Le CRDE et RESF mènent depsui deux mois une action structurée visant à ce que ces mineurs isolés en recours, à la rue, soient mis à l’abri et scolarisés. Notre action, en plusieurs étapes, s’adresse au Conseil départemental du 64, à la Mairie de Pau, aux représentants de l’Etat sur le territoire (DDETS et préfecture), ainsi qu’à l’Inspection Académique et au Rectorat (Education Nationale).

Notre rpochaine étape est la manifestation du 9 février 2022

Informatique à Oloron pour les demandeurs d’asile

L’association P.O.U.R. (Piémont Oloronais Urgence Réfugiés) accompagne les demandeurs d’asile du CADA d’Oloron, géré par l’OGFA, et ceux de la structure de France Horizon, récemment ouverte. Vivre aujourd’hui en France sans accès au Web, sans un minimum de culture et d’outils « numériques » ? Pas possible. Forte de ce constat l’asso P.O.U.R. a entrepris de doter chaque logement de demandeur d’asile d’un ordinateur. Belle action, beau partenariat avec le Rotary, et bel article de La République des Pyrénées !

Un tipo strano – soirée cinéma au Méliès – Rencontre avec Samuel Gratacap (17 décembre)

Amadou est un type étrange, un tipo strano. Elena le lui dit alors qu’il est allongé près d’elle sur la plage, après la fête. Amadou se tait et ne dit rien. Il sourit beaucoup, mais il ne dit pas grand-chose. Il se lève, laissant Elena reposer et contemple la mer. Il avait approuvé d‘un hochement de tête quand Elena lui avait fait remarquer : « C’est beau ». mais maintenant il ne dit rien. C’est en lui, dans sa tête, que se bousculent d’autres images. Violentes. Des cris, des vagues, une caméra qui bouge beaucoup, un pneumatique vide, des affaires abandonnées, des vêtements qui flottent. Un naufrage ?

Les images documentaires que Samuel, le réalisateur, a glanées dans ses reportages en Lybie, sur l’Aquarius, au camp de Moria, à Lampedusa … sont insérées régulièrement dans la fiction et le fil du récit autour d’Amadou, le jeune gambien. Comme si elles venaient dire l’envers du sourire et de l’avancée d’Amadou ; Amadou est énergique, il travaille, il marche, il roule, il avance, il veut aller en France. Une force douce qui va. Comme dit Samuel : « il est embarqué et il embarque avec lui ». C’est pour ça que son ami boxeur et Elena le suivent. Que Elena le suit sur des sentiers improbables de montagne.

Sous son sourire juvénile, il y a ces souvenirs. Ces arrachements et traversées de l’inimaginable, de l’horreur peut-être. Il avance pourtant, il nous embarque comme il a embarqué Elena. Malgré ses cauchemars. Les jeunes MNA (Mineurs Non Accompagnés) que nous rencontrons ont aussi ces moments d’absence soudaine, de regards qui se perdent, qui se noient dans des détresses indicibles. Et souvent il n’y a rien à dire devant cette étrangeté soudaine, juste à l’accueillir silencieusement dans une fraternité muette.

La discussion avec Samuel, après la projection du film, a été passionnante. Samuel a tenté de nous faire un peu saisir combien son travail, ses reportages, ses photos, avaient déplacé de choses en lui. Et comment ce premier film était une tentative pour raconter une histoire qui lui tenait à cœur, mais que la forme « reportage » ne lui avait jamais permis de développer ainsi.

J’ai cru comprendre que c’est une façon aussi en donnant une autre vie à ces images documentaires qu’il avait tournées, en les enchâssant ainsi dans une fiction poétique et réaliste, très proche de trajectoires rencontrées ou possibles, de s’en délivrer, comme on cherche à se délivrer de mauvais rêves trop durs, qui pèsent sur nos journées, d’en déjouer le maléfice et de les retourner vers l’espérance d’un futur possible.

Le film de Samuel Gratacap nous a emmené vers beaucoup plus de questions que de réponses. C’était un très beau moment au cinéma Le Méliès à Pau, qui nous a généreusement accueillis, et une belle rencontre. Avec Amadou. Et avec Samuel. Un tipo strano, lui aussi.

C’était au Méliès, le vendredi 17 décembre en soirée, pour célébrer la Journée Internationale des Migrants 2021 (avec un peu d’avance)

Vincent Cabanel

Un tipo strano, film de Samuel Gratacap (45 mn), 2021, les films du Detroit

Photos ci-dessous : extraites du film « Un tipo strano »

Notre manif’ du 17 décembre devant le conseil départemental

Le CRDE a célébré avec un jour d’avance la Journée Internationale des Migrants, avec une manifestation devant le Conseil Départemental des Pyrénées Atlantiques. Nous étions 55. Nous avons été reçus par la Directrice Adjointe des Solidarités, son adjoint et le Directeur Familles-Aide Sociale à l’Enfance (PMI, ASE, …). Nous avons pu déposer un dossier, et expliquer notre revendication principale :

Nous demandons que les MNA en recours soient pris en charge par l’ASE (i.e. mis à l’abri, protégés, scolarisés) pendant toute la période entre la décision administrative du département et la décision de justice du Juge des Enfants.

La République des Pyrénées – 18 décembre 2021

Photos : Jean Le Métayer

Appel à manifester le 17 décembre 2021

Les Mineurs Non Accompagnés (MNA) sont des enfants et des adolescents de nationalité étrangère, ayant fui la guerre, les violences ou les discriminations pour trouver un avenir meilleur.  A leur arrivée sur le sol français, ces jeunes doivent prouver leur minorité et leur isolement pour être mis à l’abri par les services de protection de l’enfance. Cependant, lors de la première évaluation, les services de l’aide sociale à l’enfance (ASE), rejettent certains dossiers en considérant ces enfants comme  des migrants, avant de les traiter comme des enfants en danger, en remettant en cause leur parole et leurs documents d’identité.

Pourtant, la France se doit de les protéger, ayant signé la Convention internationale des droits de l’enfant (1989) et la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne (2000) qui rappellent le principe de l’intérêt supérieur de l’enfant et l’obligation de les protéger et de les soigner.

Malgré cela, les adolescents qui ont fait l’objet d’un refus de prise en charge doivent prouver leur minorité et leur isolement dans la plus grande précarité et sans accès aux dispositifs d’urgence pour adultes. Ces jeunes sont en danger, maltraités et désorientés. Ils sont contraints de vivre à la rue, sans protection ou accompagnement aux droits pendant des mois, et jusqu’à un an.

Les hébergeurs et bénévoles de Humanité Solidaire 64 alertent sur la situation de plus en difficile de ces MNA en recours, à la rue, sur leur état psychologique dégradé, sur l’augmentation soudaine du nombre de mineurs mis à la rue par le CD (plus de 60% d’augmentation en 1 semaine). Malgré le dispositif hivernal grand froid, la réponse du 115 est insuffisante, de surcroît les adolescents sont à la rue sous la pluie et dans le froid toute la journée.

Les statistiques établies par le CRDE sont les suivantes :

  • en novembre 2021, 50 nuitées ont été assurées par les hébergeurs solidaires (sur un groupe de 10 en moyenne, soit 50/(10×30) = 1 nuitée sur 6 !
  • Seulement entre le 1er et le 14 déc., 46 nuitées ont été assurées par les hébergeurs solidaires ce qui en projection ferait plus de 90 nuitées en fin de mois.
  • A ce jour 14 décembre, ce sont 18 MNA à la rue qui sont repérés par HS64 dans Pau.

Les MNA s’épuisent et les hébergeurs solidaires aussi.

Devant ce constat préoccupant, le CRDE et le RESF appellent à manifester vendredi 17 décembre à 14 h 00 devant le Conseil Départemental sur la revendication suivante :

Nous demandons que les MNA en recours soient pris en charge par l’ASE (mis à l’abri, protégés, scolarisés) pendant toute la période de recours. (entre la décision administrative et le dernier recours devant la Justice)

Associations et groupes signataires (CRDE et RESF)

ACAT ; Amnesty International groupe Pau-Béarn ; Bienvenue 64 ; CCFD – Terre Solidaire ; CNT ; FIA – ISM ;
FSU ; Haut Béarn Solidaire ; Humanité Solidaire 64 ; La CIMADE ; Ligue des Droits de l’Homme ;
 Médecins du Monde ; MRAP ; Piémont Oloronais Urgence Réfugiés ;
Pastorale des Migrants ; Secours Catholique Caritas France ; SE-UNSA 

La Manche ne doit pas devenir un autre cimetière

Crédit Photo : Benjamin Sourice

Ils étaient 27. Ou 30. Ou peut-être plus. Ils sont morts noyés dans une mer froide, une journée d’automne froide, mercredi 24 novembre après-midi, dans le nord de la France, dans la Manche. Ils allaient vers l’Angleterre. C’étaient des hommes, des femmes, des enfants. Une femme enceinte, une fillette, … Ils avaient marché, passé des déserts et des montagnes, franchi déjà mille et un obstacles. Ils rêvaient seulement d’une vie tranquille et paisible dans un pays qu’ils imaginaient hospitalier.

Les passeurs, des coupables commodes

Nos gouvernants ont aussitôt entonné le refrain classique : « les premiers responsables, ce sont les passeurs. » Et au passage, plusieurs ont également mis en cause de façon plus ou moins claire les ONG et les associations qui feraient le jeu des passeurs, voire en seraient les complices.

Plusieurs voix, politiques, associatives, médiatiques ont répliqué à ces ministres trop sûrs de leur fait. Certes, les passeurs sont des individus sans scrupules, qu’on a du mal à qualifier en restant poli. Mais ces passeurs n’existeraient pas s’il n’y avait pas un marché de la traversée vers l’Angleterre. Et ce qui créée ce marché, ce sont les politiques migratoires restrictives et indignes de la France et de la Grande Bretagne.

La politique xénophobe anglaise

La politique de la Grande Bretagne, d’abord : il n’existe plus de voie normale accessible à un exilé pour entrer au Royaume Uni afin d’y déposer une demande d’asile. La Grande Bretagne sous-traite la gestion de sa frontière avec le continent à la France. depuis les accords de Sangatte et du Touquet La France a accepté de jouer à l’égard des Britanniques le rôle que jouent la Turquie et la Lybie vis-à-vis des Européens. Moyennant finances ; c’est la même posture. Il s’agit de retenir les migrants pour le compte d’un autre, de les parquer sur son territoire dans des conditions déplorables avec l’espoir de les dégoûter. La Grande Bretagne pratique la politique dite du « push back »[1] pourtant proscrite par les conventions internationales. La récente lettre de Boris Johnson à Emmanuel Macron est du même acabit : elle demande à la France de reprendre les migrants qui ont réussi à franchir le Channel. La folie xénophobe qui a conduit au Brexit continue de sévir chez les politiciens anglais. En 2020, le nombre de demandes d’asile a été trois fois plus faible en Grande Bretagne qu’en France.[2]

Video montée par @caissesdegreve. La militante qui intervient en contrepoint est Claire Millot, secrétaire générale de l’association Salam qui soutient les migrants dans le Calaisis et à Dunkerque

La France est loin d’être sans reproche.

Non contente de jouer les chiens de garde de ses voisins, pour empêcher tout accès aux îles britanniques, la France a une politique d’accueil des exilés tellement restrictive que ceux-ci ne cherchent qu’à la fuir. D’autant que l’application des règlements de Dublin conduiraient beaucoup d’exilés à se voir refouler vers les pays par lequel ils sont entrés en Europe. Paradoxe honteux que de voir ces personnes qui cherche un pays respectueux de leur droit à vivre dignement, fuir, après leur pays d’origine, le pays de la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.

La politique d’accueil à Calais, Grande Synthe, Dunkerque, Sangatte est – on ne le sait que trop – une honte pour la France. Tentes lacérées, expulsions répétées, absence de solutions pérennes, obstacles aux distributions alimentaires, aux distributions d’eau et de produits de première nécessité. La récente grève de la faim de 3 militants nous l’a rappelé avec force : la maltraitance des exilés est une réalité quotidienne sur les bords français de la Manche et de la mer du Nord. La mission de Didier Leschi n’a été qu’une mise en spectacle de la fausse sollicitude de l’Etat. Comment permettre à ces exilés de se poser, de prendre le temps, d’élaborer d’autres projets, alors que l’Etat les fait vivre dans de telles conditions dégradées et misérables, sous une telle pression, dans une telle précarité voulue et orchestrée.

Des solutions existent

Il est urgent de remettre en cause les accords du Touquet et de Sangatte. De très nombreuses voix le réclament depuis longtemps, ainsi la CNCDH.[3] Il faut restaurer des voies légales d’accès à l’immigration et à la demande d’asile en Grande Bretagne. Il faut des couloirs humanitaires, des corridors. Il faut restaurer en France et en Europe une meilleure politique de l’asile et de l’accueil des exilés pour éviter que le désespoir de ces hommes et ces femmes ne les poussent à tenter les pires dangers pour tenter de trouver une issue.

La répression ne fera que favoriser l’occurrence de nouveaux drames. Il ne sert à rien d’accroitre les contrôles comme le veulent MM. Macron et Leschi, de vouloir renvoyer les demandeurs d’asile en France, comme le veut M. Johnson ou de promettre des lois encore plus restrictives sur l’asile comme le soutient Mme Patel (ministre de l’Intérieur britannique).

Mais le plus important est de convertir l’opinion publique de nos pays : accueillir les demandeurs d’asile et les exilés est un devoir, c’est aussi une chance et un enrichissement pour nos pays. Tant que nous aurons une vision menaçante de l’arrivée d’exilés « chez nous », tant que nous ne passerons pas à une compréhension de l’économie de l’hospitalité, tant que nous aurons gestion policière de l’immigration, nous n’arriverons à rien et de nouveaux drames se produiront. Le voulons-nous ?

Vincent Cabanel


[1] Le push-back désigne le refoulement des exilés aux fontières pour les empêcher d’entrer dans un pays afin d’y demander l’asile. Cette pratique, reprochée par exemple à la Bulagarie, la Hongrie ou la Grèce par le HCR est condamnée par le droit international et européen.

[2] Source Ouest France : « Selon le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCRNU), 29 465 demandes d’asile ont été déposées au Royaume-Uni en 2020, contre 95 600 en France. »

[3] Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme

Commission d’enquête parlementaire sur les migrations

La Commission d’enquête a rendu son rapport la semaine dernière. Et ce n’est pas triste. Elle étrille le gouvernement ! Présidée par le député de Haute-Garonne Sébastien Nadot (groupe Libertés et Territoires), avec la députée de la Manche Sonia Krimi (groupe LREM) en tant que rapporteure, elle dénonce une « gestion coûteuse et inefficace« , une politique qui à terme « n’est pas tenable« , elle appelle à rompre avec une « gestion policière de l’immigration« , elle demande le « développement de voies d’immigation légale« , elle affirme et déplore que « la promesse républicaine n’est pas tenue« ….

Revue de presse (non exhaustive) :

Le lien vers le rapport lui-même

453 élus dénoncent la situation absurde des Jeunes majeurs étrangers

En 2021, l’actualité a été émaillée par la répétition régulière d’une événement type : un jeune étranger, arrivé mineur en France, pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE), et qui a suivi une formation professionnelle, obtenu un CAP, trouvé une entreprise, se voit confronté à sa majorité ou un an plus tard lors du renouvellement de sa carte de séjour, à l’absurdité : la préfecture de son département conteste l’authenticité de ses papiers (sur lesquels pourtant il a été reconnu comme mineur par l’ASE ou par le juge des enfants) et lui refuse un titre de séjour. Il y a autour du jeune travailleur un comité de soutien , parfois une famille d’accueil, le patron de l’entreprise (généralement un artisan) qui veut garder cet ouvrier qui bosse bien, qui s’est intégré ….

Ces jeunes s’appellent Laye, Lamine, Mamadou, … ils sont boulangers, électriciens, plombiers, … ils sont dans le Sud Ouest, en Franche Comté, en Normandie, en Occitanie, dans le Centre, …

Le cas le plus médiatisé a été celui de Laye, apprenti boulanger à Besançon, parce que son patron s’était lancé dans une grève de la faim pour obtenir sa régularisation. Stéphane Ravacley, l’artisan boulanger, a créé depuis une association « Patrons solidaires » qui réunit des chefs d’entreprise confrontés à ces absurdités.

Ce 21 octobre 2021, 440 élus se sont réunis pour signer une tribune dans Le Monde appelant l’Etat à changer de logique et à appliquer les solutions de bon sens, qui existent dans l’arsenal réglementaire :

« En effet, au lieu de délivrer de manière quasi automatique des OQTF fondées notamment sur des difficultés liées à l’état civil du demandeur, l’État devrait réaliser une évaluation plus approfondie de la situation et des perspectives d’intégration du demandeur dans la société française, comme la réglementation l’y invite. A ce titre, un arrêté du ministre de l’intérieur d’avril 2021 prévoit, au titre de l’admission exceptionnelle au séjour, la prise en compte de « la volonté d’intégration » de la personne. »

Parmi ces élus, le CRDE salue notamment la présence de Jean-Yves Lalanne, maire de Billère (agglomération paloise 64), de Marion Bussy, Emma Camelot et Tuncay Cilgi (conseillers municipaux de Pau). Le CRDE souhaite que cette initiative, relayée par l‘ANVITA, aboutisse à des suites positives pour tous les jeunes majeurs étrangers.

Vincent Cabanel (équipe d’animation CRDE)

Lire aussi :  Besançon : un apprenti boulanger guinéen menacé d’expulsion régularisé, après la mobilisation de son patron

« La situation des jeunes majeurs étrangers représente un terrible gâchis humain et social »

 Malgré une formation diplômante, la difficile obtention d’un titre de séjour à 18 ans pour les mineurs non accompagnés