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Le service public doit être plus humain !

Communiqué de presse 

300 organisations (dont le CRDE Solidarité Migrants) signent un Manifeste pour un service public plus humain et ouvert à ses administréEs

La dématérialisation des démarches administratives, si elle peut les simplifier pour de nombreuses personnes, peut aussi être une source majeure d’entrave à l’accès aux droits pour d’autres : nos 300 organisations agissant en solidarité avec les personnes, françaises ou étrangères, en situation de précarité, co-signataires duManifeste pour un service public plus humain et ouvert à ses administréEs, dénoncent cette dérive.  

La fermeture de trop nombreuses administrations pendant le confinement du printemps 2020 a amplifié ce phénomène, sans considération sérieuse de l’impact pour les personnes précaires. L’administration s’éloigne ainsi du public et plus particulièrement de celles et ceux qui en ont le plus besoin : défaut d’alternative physique, absence de dialogue, insuffisance des dispositifs d’accompagnement et de conseil, interface web complexe ou incomplète, absence de recours dès lors que les démarches en ligne ne peuvent aboutir, souvent en raison de l’insuffisance de moyens humains et de leurs choix d’affectation, comme le montrent par exemple les modalités d’accès aux services « étrangers » des préfectures ou aux caisses de protection maladie ou d’allocations familiales.

Pour les administrations, la dématérialisation des démarches représente l’opportunité de faire disparaître les files d’attente et de limiter la présence du public dans leurs locaux. Mais l’attente est en réalité rendue invisible et aucun indicateur ne permet aujourd’hui de mesurer sa durée et l’ampleur des personnes touchées.

Le développement du numérique se substitue à l’accueil physique, alors qu’il nécessite lui-même un accompagnement humain. Les personnes précaires se tournent donc souvent pour réaliser leurs démarches en ligne vers les associations, syndicats, collectivités territoriales, centres sociaux, voire les employéEs de médiathèque, qui les accompagnent en plus de leurs missions initiales. Mais la démission du service public exclut toujours un peu plus du droit commun une frange de la population et porte atteinte au principe d’égalité d’accès au service public, ainsi qu’à sa gratuité et à sa continuité. 

Nos organisations appellent les pouvoirs publics à remettre ces principes au cœur de l’organisation des administrations. L’accueil physique ne saurait être réservé à celles et ceux ayant réussi à franchir le mur numérique. Nous exigeons un service public humain et ouvert à ses administréEs, qui fonctionne pour toutes et tous et ne sacrifie personne !

Communiqué de presse Jeudi 10 février 2022

Le CRDE salue les annonces faites ce jeudi 10 février par le président Lasserre et reconnaît que le Conseil départemental des Pyrénées Atlantiques a fait un pas dans la bonne direction sur le sujet des MNA (Mineurs Non Accompagnés) en recours.

Le président Lasserre dans son discours d’ouverture de la session du Conseil départemental a acté ce jeudi 10 févier qu’il y avait un problème au sujet des MNA (Mineurs Etrangers Isolés, non accompagnés) en recours devant la Justice.

Ces jeunes ont vu leur minorité niée par le département et ils ont introduit un recours devant le Juge des Enfants.

Le président Lasserre a annoncé ce matin dans la session du jeudi 10 février deux promesses :

  • prendre en charge leur (les MNA en recours) mise à l’abri durant la période hivernale.
  • réunir l’Etat, la Ville de Pau, et les parlementaires afin que puisse être apportée le plus rapidement possible une réponse claire à leur statut et à leur prise en charge jusqu’à ce que la décision de justice soit rendue.

Le CRDE salue et applaudit à la deuxième résolution. Seule une concertation entre les protagonistes de cette affaire permettra de trouver une solution

Cependant, au vu des modalités de mise en œuvre de la première annonce (reçues vers 19 h 30 ce jeudi soir), le CRDE exprime les plus vives réserves :

  • Il s’agit en fait d’un hébergement d’urgence par le 115 un peu amélioré (rien sur les repas du midi, sur les repas du WE, la stabilité alimentaire).
  • Plusieurs sont malades. Les médecins de la PASS et de Médecins du Monde leur disent qu’il faudrait avoir une alimentation équilibrée et riche en légumes. Cela ne sera pas possible dans ce « 115 amélioré ».
  • La scolarisation de ces mineurs est toujours dans l’impasse.
  • Nous disons donc que le Département, même s’il paye à l’Etat la facture, n’assume pas encore complètement ses responsabilités.

Le CRDE continuera son combat pour une solution juste et pérenne pour ces adolescents. Le CRDE maintient sa revendication : La solution la plus simple réside selon nous dans l’application immédiate de la recommandation n°15 du rapport du 3 février 2022 de la Défenseure des Droits (« Les MNA au regard du droit ») : « que le mineur bénéficie de la présomption de minorité jusqu’à décision judiciaire définitive le concernant ».

Succès pour notre manifestation du 9 février « Mettez à l’abri les MNA en recours »

Notre manifestation a réuni 120 personnes, dans une ambiance joyeuse et chantante, sous un soleil généreux.

De belles retombées dans la presse locale, avant et après notre manifestation.

Soutien aux mineurs isolés : reportage de Sud-Ouest

L’association Humanité Solidaire 64 est membre du CRDE. Avec la CIMADE, Médecins du Monde (également membres du CRDE) et RESF, un groupe de coordination permet d’articuler les différents niveaux de soutien concret et direct à ces mineurs isolés étrangers (mineurs non-accompagnés = M.N.A.).

Le CRDE et RESF mènent depsui deux mois une action structurée visant à ce que ces mineurs isolés en recours, à la rue, soient mis à l’abri et scolarisés. Notre action, en plusieurs étapes, s’adresse au Conseil départemental du 64, à la Mairie de Pau, aux représentants de l’Etat sur le territoire (DDETS et préfecture), ainsi qu’à l’Inspection Académique et au Rectorat (Education Nationale).

Notre rpochaine étape est la manifestation du 9 février 2022

Informatique à Oloron pour les demandeurs d’asile

L’association P.O.U.R. (Piémont Oloronais Urgence Réfugiés) accompagne les demandeurs d’asile du CADA d’Oloron, géré par l’OGFA, et ceux de la structure de France Horizon, récemment ouverte. Vivre aujourd’hui en France sans accès au Web, sans un minimum de culture et d’outils « numériques » ? Pas possible. Forte de ce constat l’asso P.O.U.R. a entrepris de doter chaque logement de demandeur d’asile d’un ordinateur. Belle action, beau partenariat avec le Rotary, et bel article de La République des Pyrénées !

« Prenons soin des jeunes mineurs exilés, avec ou sans papiers »

Les dessins de cette courte séquence video sont l’oeuvre d’une artiste dessinatrice amateur , amie d’une personne très active dans le Collectif C.R.D.E..
Elle présente son travail ainsi :

« Je fais juste ce que je sais faire, prendre soin des jeunes et les accueillir chez moi. Découvrir cette réalité des mineurs isolés étrangers (M.N.A.) à la rue m’a profondément émue, et depuis je continue à faire tout mon possible, modestement, pour les aider comme je fais avec mes enfants. »

Un tipo strano – soirée cinéma au Méliès – Rencontre avec Samuel Gratacap (17 décembre)

Amadou est un type étrange, un tipo strano. Elena le lui dit alors qu’il est allongé près d’elle sur la plage, après la fête. Amadou se tait et ne dit rien. Il sourit beaucoup, mais il ne dit pas grand-chose. Il se lève, laissant Elena reposer et contemple la mer. Il avait approuvé d‘un hochement de tête quand Elena lui avait fait remarquer : « C’est beau ». mais maintenant il ne dit rien. C’est en lui, dans sa tête, que se bousculent d’autres images. Violentes. Des cris, des vagues, une caméra qui bouge beaucoup, un pneumatique vide, des affaires abandonnées, des vêtements qui flottent. Un naufrage ?

Les images documentaires que Samuel, le réalisateur, a glanées dans ses reportages en Lybie, sur l’Aquarius, au camp de Moria, à Lampedusa … sont insérées régulièrement dans la fiction et le fil du récit autour d’Amadou, le jeune gambien. Comme si elles venaient dire l’envers du sourire et de l’avancée d’Amadou ; Amadou est énergique, il travaille, il marche, il roule, il avance, il veut aller en France. Une force douce qui va. Comme dit Samuel : « il est embarqué et il embarque avec lui ». C’est pour ça que son ami boxeur et Elena le suivent. Que Elena le suit sur des sentiers improbables de montagne.

Sous son sourire juvénile, il y a ces souvenirs. Ces arrachements et traversées de l’inimaginable, de l’horreur peut-être. Il avance pourtant, il nous embarque comme il a embarqué Elena. Malgré ses cauchemars. Les jeunes MNA (Mineurs Non Accompagnés) que nous rencontrons ont aussi ces moments d’absence soudaine, de regards qui se perdent, qui se noient dans des détresses indicibles. Et souvent il n’y a rien à dire devant cette étrangeté soudaine, juste à l’accueillir silencieusement dans une fraternité muette.

La discussion avec Samuel, après la projection du film, a été passionnante. Samuel a tenté de nous faire un peu saisir combien son travail, ses reportages, ses photos, avaient déplacé de choses en lui. Et comment ce premier film était une tentative pour raconter une histoire qui lui tenait à cœur, mais que la forme « reportage » ne lui avait jamais permis de développer ainsi.

J’ai cru comprendre que c’est une façon aussi en donnant une autre vie à ces images documentaires qu’il avait tournées, en les enchâssant ainsi dans une fiction poétique et réaliste, très proche de trajectoires rencontrées ou possibles, de s’en délivrer, comme on cherche à se délivrer de mauvais rêves trop durs, qui pèsent sur nos journées, d’en déjouer le maléfice et de les retourner vers l’espérance d’un futur possible.

Le film de Samuel Gratacap nous a emmené vers beaucoup plus de questions que de réponses. C’était un très beau moment au cinéma Le Méliès à Pau, qui nous a généreusement accueillis, et une belle rencontre. Avec Amadou. Et avec Samuel. Un tipo strano, lui aussi.

C’était au Méliès, le vendredi 17 décembre en soirée, pour célébrer la Journée Internationale des Migrants 2021 (avec un peu d’avance)

Vincent Cabanel

Un tipo strano, film de Samuel Gratacap (45 mn), 2021, les films du Detroit

Photos ci-dessous : extraites du film « Un tipo strano »

Notre manif’ du 17 décembre devant le conseil départemental

Le CRDE a célébré avec un jour d’avance la Journée Internationale des Migrants, avec une manifestation devant le Conseil Départemental des Pyrénées Atlantiques. Nous étions 55. Nous avons été reçus par la Directrice Adjointe des Solidarités, son adjoint et le Directeur Familles-Aide Sociale à l’Enfance (PMI, ASE, …). Nous avons pu déposer un dossier, et expliquer notre revendication principale :

Nous demandons que les MNA en recours soient pris en charge par l’ASE (i.e. mis à l’abri, protégés, scolarisés) pendant toute la période entre la décision administrative du département et la décision de justice du Juge des Enfants.

La République des Pyrénées – 18 décembre 2021

Photos : Jean Le Métayer

Appel à manifester le 17 décembre 2021

Les Mineurs Non Accompagnés (MNA) sont des enfants et des adolescents de nationalité étrangère, ayant fui la guerre, les violences ou les discriminations pour trouver un avenir meilleur.  A leur arrivée sur le sol français, ces jeunes doivent prouver leur minorité et leur isolement pour être mis à l’abri par les services de protection de l’enfance. Cependant, lors de la première évaluation, les services de l’aide sociale à l’enfance (ASE), rejettent certains dossiers en considérant ces enfants comme  des migrants, avant de les traiter comme des enfants en danger, en remettant en cause leur parole et leurs documents d’identité.

Pourtant, la France se doit de les protéger, ayant signé la Convention internationale des droits de l’enfant (1989) et la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne (2000) qui rappellent le principe de l’intérêt supérieur de l’enfant et l’obligation de les protéger et de les soigner.

Malgré cela, les adolescents qui ont fait l’objet d’un refus de prise en charge doivent prouver leur minorité et leur isolement dans la plus grande précarité et sans accès aux dispositifs d’urgence pour adultes. Ces jeunes sont en danger, maltraités et désorientés. Ils sont contraints de vivre à la rue, sans protection ou accompagnement aux droits pendant des mois, et jusqu’à un an.

Les hébergeurs et bénévoles de Humanité Solidaire 64 alertent sur la situation de plus en difficile de ces MNA en recours, à la rue, sur leur état psychologique dégradé, sur l’augmentation soudaine du nombre de mineurs mis à la rue par le CD (plus de 60% d’augmentation en 1 semaine). Malgré le dispositif hivernal grand froid, la réponse du 115 est insuffisante, de surcroît les adolescents sont à la rue sous la pluie et dans le froid toute la journée.

Les statistiques établies par le CRDE sont les suivantes :

  • en novembre 2021, 50 nuitées ont été assurées par les hébergeurs solidaires (sur un groupe de 10 en moyenne, soit 50/(10×30) = 1 nuitée sur 6 !
  • Seulement entre le 1er et le 14 déc., 46 nuitées ont été assurées par les hébergeurs solidaires ce qui en projection ferait plus de 90 nuitées en fin de mois.
  • A ce jour 14 décembre, ce sont 18 MNA à la rue qui sont repérés par HS64 dans Pau.

Les MNA s’épuisent et les hébergeurs solidaires aussi.

Devant ce constat préoccupant, le CRDE et le RESF appellent à manifester vendredi 17 décembre à 14 h 00 devant le Conseil Départemental sur la revendication suivante :

Nous demandons que les MNA en recours soient pris en charge par l’ASE (mis à l’abri, protégés, scolarisés) pendant toute la période de recours. (entre la décision administrative et le dernier recours devant la Justice)

Associations et groupes signataires (CRDE et RESF)

ACAT ; Amnesty International groupe Pau-Béarn ; Bienvenue 64 ; CCFD – Terre Solidaire ; CNT ; FIA – ISM ;
FSU ; Haut Béarn Solidaire ; Humanité Solidaire 64 ; La CIMADE ; Ligue des Droits de l’Homme ;
 Médecins du Monde ; MRAP ; Piémont Oloronais Urgence Réfugiés ;
Pastorale des Migrants ; Secours Catholique Caritas France ; SE-UNSA