Les MNA en recours à la rue

Le CRDE a initié un groupe de coordination des actions envers ces Mineurs Non Accompagnés (Mineurs Isolés Etrangers), dont le conseil départemental conteste la minorité et auxquels il a donc retiré la protection de l’ASE (Aide Sociale à l’Enfance). Ce groupe réunit Humanité Solidaire 64, La Cimade, RESF (Réseau Education sans Frontières) et Médecins du Monde.

Le groupe de coordination MNA cherche d’abord à répondre aux besoins des MNA.

Mais ces actions d’urgence, accomplies pour pallier les défaillances des pouvoirs publics, ne sont qu’un aspect de l’action du CRDE.

Le CRDE assume un rôle d’observatoire et d’alerte sur la situation à Pau, pour ces MNA en recours.

Le mouvement de Décembre 2021 – Février 2022 est parti du constat de l’épuisement physique et psychologique des jeunes.

Cette action a démarré avec une manifestation le 17 décembre devant le Conseil Départemental 64, à l’issue de laquelle une délégation du CRDE a été reçue par trois responsables administratifs du département.

La manifestation portait une revendication simple et claire : la mise à l’abri immédiate des MNA en recours, à la rue, et leur scolarisation.

Janvier et Février 2022

Le CRDE a écrit au président du Conseil Départemental et au Maire de Pau.

Le CRDE, avec le RESF a appellé à nouveau à manifester le mercredi 9 février à 12 h 00 devant le Conseil départemental avec une marche dans Pau.

Parallèlement le CRDE a démarré une campagne de presse, basée sur un solide dossier de plaidoyer.

  • Le journal Sud Ouest a publié le 30 janvier (Sud Ouest dimanche) un grand double page : reportage et reportage photos réalisé pendant le cours de français organisé chaque semaine à la MJC des Fleurs
  • Le mardi 8 février : La République des Pyrénées a publié en pages 2 et 3 de l’édition un reportage réalisé pendant le repas du dimanche (organisé par Humanité Solidaire 64)
  • Le matin du 9 février, RadioFrance Bleu Béarn a annoncé la manifestation à chaque journal de la matinée, diffusé l’interview d’un des jeunes, et interpellé la vice-présidente du CD64 en charge du dossier, Mme Annick TROUNDAY-IDIART
  • Le soir du 9 février, France 3 Aquitaine a diffusé une reportage sur la manifestation avec une interview d’un des porte-parole du CRDE et d’une militante du RESF

Quelques jours avant la manifestation, le président a demandé à un conseiller collaborateur de son cabinet et à la directrice générale adjointe des Solidarités de recevoir une délégation du CRDE et du RESF. La rencontre a eu lieu le lundi 7 deptembre. Rien n’en est sorti, le Conseil départemental campait toujours sur ses positions.

La session du Conseil départemental du 10 février 2022

Très vite, M.Lasserre, président du CD64 dans son discours d’ouverture a abordé la question des MNA en recours à la rue.
Il a fait deux annonces :

1./ Le président a proposé de pallier la carence actuelle et de “prendre en charge leur mise à l’abri durant la période hivernale.” (Soit jusqu’au 31 mars 2022).

2./ Le président a également affirmé son intention, avant la fin de la trêve hivernale, de “réunir l’Etat, la Ville de Pau, et les parlementaires afin que puisse être apportée le plus rapidement possible une réponse claire à leur statut et à leur prise en charge jusqu’à ce que la décision de justice soit rendue.”

Franck Lamas (Gauche) est intervenu en fin de matinée : dans son discours très charpenté il a rappelé la manif de la veille, repris des éléments du dossier de plaidoyer, salué ces premières avancées. En effet comme l’a dit le conseiller Lamas, les galères de la rue ne prennent pas fin avec la trêve hivernale d’une part, d’autre part la question de la scolarisation reste pour l’heure toujours sans solution pour ces jeunes.

La solution la plus simple réside selon nous dans l’application immédiate de la recommandation n°15 du rapport du 3 février 2022 de la Défenseure des Droits (“Les MNA au regard du droit”) : “que le mineur bénéficie de la présomption de minorité jusqu’à décision judiciaire définitive le concernant”. (nous remarquons que la défenseure des Droits parle bien de mineurs, même une fois la décision administrative prononcée)

Bref : une première victoire à saluer : nous avons gagné une bataille mais pas la guerre.

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